Il est des œuvres exceptionnelles sur un plan littéraire (Victor Hugo, par exemple), sur un plan philosophique (Aristote, par exemple), sur un plan théologique (Thomas d’Aquin, par exemple), sur un plan métaphysique (Platon, par exemple), sur un plan mystique (Denys l’Aréopagite, par exemple)… Si Jean Borella semble rassembler toutes ces exceptionnalités, c’est qu’il est le penseur intégral de notre temps.
Une pensée intégrale, tristement rare aux temps de la dispersion des savoirs sur une indéfinité d’objets, est ainsi exceptionnelle, numériquement déjà ; mais cela ne saurait suffire ! « Pensée intégrale », elle nous conduit au-delà des spécialisations académiques, marquées par des points de vue dispersés qui égarent, au-delà des époques, souvent figées dans des conceptualités provisoires, au-delà des régions du monde, ancrées dans leur mythologie et des révélations qui semblent ajustées à leur culture…
Jean Borella s’est mis au service de la pensée humaine la plus haute, laquelle, lorsqu’elle est touchée par la grâce, ouvre les esprits à plus grand que soi. Si « l’homme passe infiniment l’homme » (Pascal), c’est peu dire que la pensée de Jean Borella passe infiniment Jean Borella. L’ensemble des contributions de ce livre d’hommage en témoignent, pour nous introduire à une sagesse qui est la véritable alternative au matérialisme, au nihilisme et aux fausses spiritualités dans lesquelles tend à s’abîmer la pensée occidentale.
S’il fallait imaginer l’élaboration d’un dictionnaire amoureux de cette œuvre, on trouvera, ramassées dans ce livre trente-trois entrées, synthétisant ensemble cette pensée intégrale, mise au mieux à la portée de tous.
27 contributeurs se sont accordés pour réaliser cette présentation d’une œuvre prodigieuse et constituant un hommage à l’occasion du 95e anniversaire de Jean Borella.
Sommaire de l'ouvrage
Exergue
Introduction
Témoignages
Première partie. Situation historique et enjeux
Situation historique de la pensée de Jean Borella
Ch. 1. Situation intellectuelle de l’œuvre de Jean Borella
Ch. 2. Professeur de philosophie et philosophe
Ch. 3. L’intellect adorant de Jean Borella
Ch. 4. Civilisation et contre-civilisation
Ch. 5. De la notion de cycle
L’enjeu des critiques du modernisme
Ch. 6. La fonction spirituelle de la critique du modernisme
Ch. 7. La confusion du psychique et du spirituel
Ch. 8. L’intellect agent de la culture
Tradition ou pérennialisme ?
Ch. 9. Une appréciation critique de René Guénon
Ch. 10. Jean Borella et Frithjof Schuon. Sainteté de l’intelligence et intelligence de la foi
Ch. 11. De l’ésotérisme, suivant Jean Borella
Ch. 12. De l’unité immanente des religions
Deuxième partie. La révolution métaphysique borellienne
Ch. 13. Raison et intelligence
Ch. 14. Une histoire de la raison
Ch. 15. Platon ou Aristote
Ch. 16. Le naturel et le surnaturel
Ch. 17. Les facultés intellectives de l’âme comme puissances spirituelles
Ch. 18. Philosophie et science : ouverture et fermeture épistémique du concept
Ch. 19. Penser la philosophie
Ch. 20. La réfutation de l’athéisme philosophique
Troisième partie. Réalisme symbolique et métaphysique du symbole
De la relation ontologique du symbole
Ch. 21. Théorie du symbole
Ch. 22. Le paradoxe d’Épiménide
Ch. 23. De l’analogie
Ch. 24. De l’Au-delà de l’Être
De l’application à l’herméneutique et à l’exégèse
Ch. 25. Jean Borella : théoricien de l’exégèse et exégète lui-même
Ch. 26. Lire S. Thomas d’Aquin avec Jean Borella
Ch. 27. Une application au grégorien
Quatrième partie. La fin de la métaphysique
Ch. 28. Le sens du surnaturel
Ch. 29. Gnose ou gnosticisme
Ch. 30. Les quatre modes de la théologie
Ch. 31. La pneumatisation de l’intellect
Ch. 32. Des mystères chrétiens
Ch. 33. Le Christ universel
Biographie significative
Bibliographie essentielle
Extrait
On pourra faire bien des éloges au monde académique de notre temps – il en mérite sûrement –, on peinera cependant à lui trouver une quelconque filiation avec la perspective, les méthodes et le style qui caractérisaient le rapport à la connaissance des Anciens. La quête d’une « objectivité » scientifique, le ton neutre et dépassionné, l’hyperspécialisation – et donc le renoncement à toute connaissance intégrale –, une conception d’un savoir qui n’est ni opératif ni sotériologique, réduisant l’étude d’écrits sacrés à une étude de documents historiques morts, le tout couplé à un mode de transmission de la connaissance impropre à tout usage spirituel, voilà un cadre qui ne pouvait et ne pourra jamais recevoir adéquatement l’œuvre de Jean Borella. (Fr. Maxime)
[…]
Ainsi, des témoignages tout personnels sont rassemblés en début d’ouvrage. Ils marquent une réception de l’œuvre alliant, comme il se doit de tout temps, un mathein (savoir) et un pathein (éprouver) ou une « science » et une « souffrance » (Eschyle, Agamemnon, 177), c’est-à-dire une connaissance associée à son vécu intime. C’est que, rappelait Aristote, « ce n’est pas l’intelligence qui connaît, c’est l’homme ». Ils viennent certes de France, mais également de bien d’autres pays : Brésil, Italie, états-Unis, Suisse, Angleterre, voire du Japon (par citation). Et ils sont le fait de femmes et d’hommes aux professions diverses. Certes, il y a des professeurs de philosophie, mais aussi bien sûr de théologie, et d’histoire, et de yoga tibétain ; certes des essayistes et des éditeurs, mais aussi des musiciens, étudiants, une psychanalyste critique, un informaticien, une traductrice et un traducteur, un diplomate, ainsi que d’anciens séminaristes, moines et prêtres…
Ces témoignages de tous horizons marquent ainsi tout l’écart qu’il y a entre des discours de la seule raison discursive et l’ouverture de l’intellect à une possible théophanie de l’Esprit, fût-elle offerte par les doctrines exposées par Jean Borella. Ainsi ces témoignages montrent-ils combien la philosophie borellienne est opérative et incarnée, au lieu d’être réduite au simple statut de spéculations abstraites et théoriques. (Bruno Bérard)
[…]
Par opposition aux réductionnismes modernes, l’être humain y est en effet présenté selon une constitution essentiellement triadique, et non monadique ni dualiste : à la fois corps, âme et esprit, ou pour parler plus exactement, corps matériel, âme physique et âme spirituelle. Par cette dernière, l’Homme s’avère capable de participer à l’Esprit divin auquel il est surnaturellement ordonné.
Finalement, la possibilité et les modalités de cette connaissance de Dieu par participation, transformatrice de l’être de l’Homme, a occupé la série des travaux de Jean Borella sur la gnose (cf. Problèmes de gnose), la vraie et la fausse, l’orthodoxe et l’hétérodoxe, ainsi que sur l’ésotérisme, surtout à partir de la synthèse guénonienne (cf. Ésotérisme guénonien et mystère chrétien) qui, il faut le dire, a mis beaucoup d’ordre dans ce mot que les librairies paresseuses continuent à confondre avec l’occultisme fin de siècle ou New Âge qui nuit gravement à la compréhension de la spiritualité traditionnelle véritable.
(…) N’importe quel philosophe du second millénaire, comme aussi n’importe quel artiste et n’importe quel séminariste de nos temps modernes, devrait le lire une fois dans sa vie, afin de donner à sa pensée des yeux pour voir et un cœur pour comprendre. (Paul Ducay).
Avis de parution
Jean Borella est le penseur intégral de notre temps. Attentif aux grandes ruptures culturelles, intellectuelles et religieuses de la modernité, il a construit son œuvre autour de recherches aussi diverses qu’inédites sur la théorie et l’usage du signe symbolique, la philosophie de la religion et la métaphysique. À la lumière des traditions chrétienne et platonicienne, la philosophie de Jean Borella offre une conception renouvelée de l’Homme, dont l’actuelle crise du sens et de la vérité ne peut être surmontée que par la participation à la transcendance.
Étant « le plus grand philosophe chrétien de ce temps » (Jean Hani), Jean Borella s’est mis au service de la pensée humaine la plus haute, laquelle, lorsqu’elle est touchée par la grâce, ouvre les esprits à plus grand que soi. Si « l’homme passe infiniment l’homme » (Pascal), c’est peu dire que la pensée de Jean Borella passe infiniment Jean Borella. L’ensemble des contributions de ce livre d’hommage en témoignent, pour nous introduire à une sagesse qui est la véritable alternative au matérialisme, au nihilisme et aux fausses spiritualités dans lesquelles tend à s’abîmer la pensée occidentale.
Avec les contributions, à différents titres, de Franck Agier, Alexandra Arcé, P. Luke Bell, Bruno Bérard, David Bisson, Greg Calto, John Champoux, Paul Ducay, P. Richard Escudier, Aldo La Fata, Christian Faure, Philippe Faure, Bruno Guillemin, Sandy Hinzelin, Marie-José Jolivet, Thomas Julien, Fr. Maxime Laborde, James Mullen, Leo Nunes, Damien Poisblaud, Arthur Schwarz, Jacob Sherman, Pierre-Marie Sigaud, Wolfgang Smith, Denis Sureau, Adrian Walker, Thomas Zimmermann.
Recension
Publié à l’occasion de son 95e anniversaire, un ouvrage collectif (27 auteurs du monde entier) dirigé par Bruno Bérard et Paul Ducay rend hommage au grand philosophe catholique de Nancy : Jean Borella pour tous. Introduction à son oeuvre (L’Harmattan, 252 p., 27 €). Ses nombreux ouvrages développent des recherches aussi diverses qu’inédites sur la théorie et l’usage du signe symbolique, le sens du surnaturel, la philosophie de la religion, la théologie et la métaphysique. Un penseur magistral bien que méconnu.