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Théologie pour tous

Bruno Bérard et Aldo La Fata et un moine ami

Préface et postface du professeur Johannes Hoff

Traductions à paraître en anglais (Angelico Press) et en italien (Simmetria ou Solfanelli)

Cette initiation à la théologie chrétienne s’aborde facilement, chacun des versets du Credo (ici, celui de Nicée-Constantinople) étant explicité successivement par trois auteurs : un moine orthodoxe, un ésotériste chrétien et un auteur et éditeur de métaphysique dont un premier livre sur les mystères chrétiens obtint l’imprimatur du diocèse de Paris. Un objectif commun à ces contributeurs : partager avec le plus grand nombre, les éléments les plus sublimes de la révélation chrétienne qui leur ont été donnés de rencontrer.

Dans une deuxième partie, c’est la potentielle christification de la vie humaine qui est montrée, à propos de l’amour, de la théologie mystique et de la vie spirituelle.

Enfin, une conclusion signale les défis actuels de la théologie qui découlent de l’écart entre une théologie vécue et une théologie trop académique.

Dans ses préface et postface, le professeur de théologie dogmatique Johannes Hoff (Innsbruck, Cambridge) positionne l’ambition de ce livre au sein de l’évolution académique de la théologie, notamment dans les milieux anglo-saxons.

Sommaire de l'ouvrage

Préface de Johannes Hoff

PREMIÈRE PARTIE. DE DIEU

Chapitre I. Dieu le Père

Chapitre II. De la Création

Chapitre III. Dieu le Fils

Chapitre IV. De la Chute à l’Incarnation

Chapitre V. De la Vierge Marie

Chapitre VI. De la crucifixion à la résurrection

Chapitre VII. De la parousie et du plérôme

Chapitre VIII. Dieu le Saint-Esprit

Chapitre IX. De la Trinité

Chapitre X. De l’Église

Chapitre XI. De la communion des saints

Chapitre XII. Des sacrements

Chapitre XIII. De la mort, de la fin du monde et du Royaume

DEUXIÈME PARTIE. DE LA VIE HUMAINE

Chapitre XIV. De l’Amour

Chapitre XV. L’Homme capable de Dieu

Chapitre XVI. De la théologie mystique et de la Vie spirituelle

CONCLUSION. LES DÉFIS ACTUELS DE LA THÉOLOGIE

Postface de Johannes Hoff

Extrait

De l’unicité du plus que tout

Dieu est

Si Dieu est inconnaissable en tant que Tel, son existence nous paraît une évidence, comme d’ailleurs au fondateur de la science, Aristote, dont le raisonnement aboutit à une nécessaire Cause des causes. C’est que l’enchaînement possible des causes secondes1 successives repose sur l’existence nécessaire d’une cause première. « Si rien n’est premier, absolument rien n’est cause »2, écrit-il, c’est-à-dire que la science elle-même, en tant que connaissance par les causes, deviendrait illusoire. Dès lors, on pourra même se demander si croire à une évidence relève encore de la croyance.

C’est que, contrairement à l’opposition factice entre savoir et croire – il y aurait les savants qui savent et les croyants qui croient ! –, on ne peut pas savoir ce en quoi on ne croit pas, ni croire en ce dont on ne sait rien. Il n’y a donc pas une ligne allant de l’ignorance à la connaissance, en passant par la croyance, mais, nécessairement, à l’ordre du connaître, se conjoint l’ordre du vouloir. On décide d’adhérer à une connaissance. Ici, on croira donc à – on connaîtra donc – l’évidente existence de Dieu en tant que telle, avant d’avoir besoin d’en savoir éventuellement davantage sur Lui.

Un seul Dieu

Contre toute attente, sans doute, il vaudrait mieux ici oublier la dénomination « monothéisme », mot né, en même temps qu’« ethnologie », dans le XIXe siècle colonialiste et ethnocentriste des « races supérieures ». Ainsi, analysant les « races inférieures » (les « sauvages » du XVIIIe siècle sont devenus les « primitifs » puis, sous la plume de Tylor3, les « races inférieures » !), une théorie fut que, partis de l’animisme, ces peuples soient passés au fétichisme, puis au naturisme, puis, devenus « semi-civilisés » (sic), soient parvenus au polythéisme et, enfin, au monothéisme4. D’autres ont imaginé, à l’inverse, la théorie opposée d’un Urmonotheismus : un « monothéisme primitif » pouvant dégénérer, en phase de décadence, en dualisme ou polythéisme5, cette théorie s’appuyant sur des cas de « monothéismes » irrécusables : « Toi, seul Dieu, en dehors duquel il n’en existe pas d’autres » (Hymne au soleil du pharaon Akhénaton, 1350 av. J.-C.). Toutefois, les contrexemples à chacune de ces théories évolutionnistes les ont rendues obsolètes l’une comme l’autre, si bien qu’il convient d’abandonner la perspective historiciste par trop conjecturale.

D’autant plus qu’on dispose de l’irrécusable évidence de l’unicité du superlatif : « le plus grand ». Ce « le plus grand », nécessairement, est seul en son genre6. Cette banalité, qui s’expérimente même chez des peuples à « mentalité prélogique » (selon l’expression malheureuse de Lévy-Bruhl7), met à la portée de chacun, à toute époque et en tout lieu, cette reconnaissance d’un unique « Plus grand », d’un Dieu unique. Et cette expérience, après beaucoup d’autres comme S. Anselme ou Descartes, chacun pourra la faire.

Ainsi trouvera-t-on partout le « Dieu jaloux » (Exode XXXIV, 14) : « Je suis le Premier et le Dernier, et il n’y a pas de Dieu en dehors de moi » (Isaïe, XLIV, 6), ou « Il n’y a pas de Dieu en dehors d’Allah », Brahman et Parabrahman (l’absolu dont tout procède), Tao (Être suprême, Mère du monde), etc. En christianisme, on reconnaitra un seul Dieu, « par nature, par substance et par essence », « un seul vrai Dieu, immense et immuable, incompréhensible, Tout-Puissant et ineffable (Latran IV : DS 800).

Dieu Père

Beaucoup de religions, si ce n’est toutes, ont dit que Dieu était « Père » (voire « Mère ») ; ce qui est une analogie évidente avec la vie humaine. Pour autant, ce qui sera ici fondamental au christianisme, c’est que l’on dira qu’il est tout autant « Fils »8, en fait, Père et Fils et Saint-Esprit : Trois Personnes, mais une Essence, une Substance ou Nature absolument simple (Latran IV : DS 800)9. Non seulement Dieu est Fils, mais, de plus, Il s’incarne en Jésus-Christ, « s’anéantit Lui-même, en prenant la condition d’esclave » (Ph II, 7), lave les pieds de ses disciples (Jn XIII, 4-5), se présente comme « doux et humble de cœur » (Mt XI, 29) et accepte la crucifixion et la mort. Ainsi dira-t-on : « Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co I, 23). C’est ce Dieu-Fils, qui, par sa mort et sa résurrection, fait la filiation de l’homme : devenu homme pour que l’homme devienne Dieu (S. Irénée de Lyon). Ainsi, le Père passe par Lui pour créer le monde, et l’homme passe par Lui pour retourner au Père : « Qui m’a vu a vu le Père », dira-t-il, puisque « je suis dans le Père et que le Père est en moi » (Jn XIV, 9-10). Et ce projet de faire participer l’homme au divin date de sa création, la chute elle-même étant vue alors comme le passage par lequel l’homme imparfait doit passer pour devenir Dieu par grâce (S. Maxime le Confesseur, Ambigua à Jean).

Notes

  1. Voir le glossaire.[]
  2. Métaphysique I, a c. 2. Trad. Jean-Marie Vernier, S’ouvrir à la métaphysique, Paris : Hora Decima, 2022, p. 18.[]
  3. L’ethnologue Sir Edward Burnett Tylor (1832-1917).[]
  4. Certains ont ajouté une phase pré-polythéiste : le polydémonisme, et une phase post-polythéiste : la monolâtrie.[]
  5. Wilhelm Schmidt (1868-1954), ethnologue et linguiste ; après Andrew Lang (1844-1912), écrivain et ethnographe.[]
  6. « Il faut nécessairement que l’Être suprême soit unique, c’est-à-dire sans égal. […] Si Dieu n’est pas unique, il n’est pas Dieu » (Tertullien, Mc I, 3).[]
  7. Le sociologue et anthropologue Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939).[]
  8. Voir chapitre VI. De la crucifixion à la résurrection, section 2. De l’identité verticale Christ-Verbe-Fils.[]
  9. Voir chapitre IX. De la Trinité, section 1. La Personne est seulement une relation.[]

Avis de parution

Pour élaborer cette « initiation à la théologie », trois auteurs dont un moine se sont assemblés, proposant des sensibilités et des perspectives complémentaires et tous voulant partager le plus sublime de la théologie chrétienne qu’il leur aura été donné au moins d’apercevoir.

Leur unité d’approche de la théologie se révèle au fur et à mesure de la lecture des multiples brefs exposés : la théologie n’est rien si elle n’est pas mystique, si les présentations voilées par les mots ne donnent pas accès à des vérités de foi, touchant directement le cœur du croyant.

Après une première partie centrée sur Dieu à travers les différents éléments de foi du Credo, une deuxième partie porte sur le potentiel de la vie humaine, au-delà de la théologie, d’une véritable christification ; enfin, une conclusion signalera les défis actuels de la théologie qui en découlent.

Dans ses préface et postface, Johannes Hoff positionnera ce travail dans le cadre de la recherche théologique actuelle et soulignera le vaste champ ouvert de méditation et de discussion.

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