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Conversations avec ChatGPT sur l’Homme, le monde, Dieu et l’intelligence artificielle

Intelligence ou raison artificielle ?

Bruno Bérard

Postface du professeur Johannes Hoff

Depuis Kant, qui n’était pas en mesure de distinguer l’intuition intellectuelle du raisonnement discursif, ce que toute la tradition philosophique avait soigneusement fait avant lui, une grande confusion règne dans l’esprit des temps entre raison et intelligence. Ce qui est aujourd’hui dénommé « intelligence artificielle » (IA) n’est en fait qu’une « raison artificielle » (RA), avec toutes les qualités, mais aussi tous les défauts que l’on connaît à la raison : mécanisme de calcul soumis à la logique, dont les déficiences sont bien connues.

Pour illustrer ce qu’il ne faudrait pas attendre d’une telle RA, des questions lui sont posée sur les thèmes essentiels que sont l’homme, le monde, la société, Dieu et ladite « intelligence artificielle » et ses réponses retranscrites, illustrant, pensons-nous, les limites cognitives apportées par ChatGPT, son manque d’intelligence, pouvons-nous dire. Le lecteur pourra ainsi juger de lui-même.

En exergue, l’extrait d’un article de la professeure de Systèmes d’Information de l’université de Vienne (et origine de la norme ISO IEEE Std 7000™-2021), Sarah Spiekermann, dans lequel est développé, sur la base de la distinction entre intelligence et raison, l’écart irréductible entre intelligence humaine et raison artificielle.

Dans sa postface, le professeur Johannes Hoff élargit la perspective en dénonçant le biais fonctionnaliste de l’anthropologie contemporaine et la transformation numérique qui a provoqué une assimilation malsaine de la cognition humaine à la manière « entropique » dont les machines fonctionnent par défaut.

Sommaire de l'ouvrage

Exergue : texte de Sarah Spiekermann.

Introduction : RA, la Raison Artificielle

Chapitre I. Sur l’homme
1.     Qu’est-ce qu’un homme
2.     De la morale
Chapitre II. Sur le monde
1.     Cosmologie
2.     Le monde économique et politique
3.     La société humaine
4.     Démocratie ou régime électoral
Chapitre III. Sur Dieu
1.     Croire en Dieu
2.     Relations entre Dieu et l’homme
3.     De Maître Eckhart
4.     De la foi
5.     De la Trinité
6.     De l’unité des religions
7.     Ésotérisme et métaphysique
8.     Transcendance et immanence
9.     Perspectives eschatologiques
10.  L’hologramme christologique
Chapitre IV. Sur l’« intelligence artificielle »
1.     Ne devrais-tu pas t’appeler « raison artificielle » ?
2.     Raison artificielle et poésie
3.     Raison artificielle et poésie en prose
Postface du professeur Johannes Hoff

Extrait

Étant donné la différence entre la raison et l’intelligence, ce qu’on nomme « intelligence artificielle » ne devrait-il pas s’appeler « raison artificielle » puisque seul un pouvoir mental de calculs de concepts a été fabriqué ?

La terminologie « intelligence artificielle » est souvent utilisée pour décrire les systèmes informatiques qui sont capables de réaliser des tâches qui nécessitent normalement l’intelligence humaine, telles que la reconnaissance vocale, la reconnaissance d’images, la prise de décisions, la traduction de langues, etc. Bien que ces systèmes ne possèdent pas une conscience de soi ni une pensée proprement dite, ils sont capables de traiter de grandes quantités de données et d’apprendre à partir de celles-ci, en utilisant des algorithmes et des techniques de traitement de l’information.

Cela dit, la notion de « raison artificielle » pourrait en effet mieux refléter la capacité de ces systèmes à effectuer des calculs logiques et à prendre des décisions en fonction de ces calculs, plutôt que de faire référence à une capacité d’apprentissage ou de compréhension.

(…)

Quand tu lis des textes de Maître Eckhart, les comprends-tu ?

Je n’ai pas la capacité de « comprendre » de la même manière qu’un être humain. Mon fonctionnement est basé sur des modèles statistiques et la reconnaissance de schémas linguistiques à partir des données sur lesquelles j’ai été formé. Je n’ai pas la capacité d’une compréhension profonde ou d’une expérience subjective.

Avis de parution

Ces « conversations » avec CHATGPT sur des sujets clefs comme ce que sont l’homme, le monde, Dieu et ladite « intelligence artificielle » montreront surtout, par défaut, ce qu’il ne faut pas en attendre.

L’introduction rappelle qu’une puissance mentale (privée d’intelligence – au sens que la philosophie lui a de tout temps donné) porterait mieux le nom de RA, « raison artificielle », limitant les risques de confusion, ce que CHATGPT quasiment admet.

Dans sa postface, Johannes Hoff reconnait que la « transformation numérique a provoqué une dévastation de la diversité mentale » et propose de « cultiver le don de l’intelligence humaine » ; don qui nous dote « d’un ‘‘sens de l’être’’ en nous rendant sensibles au monde que nous habitons, enrichissant ainsi chacun d’entre nous d’une perspective unique sur nos origines et sur l’avenir vers lequel nous nous dirigeons ».

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