Paru dans La Gazette Thomiste n° 53, Oullins : Centre scolaire Saint-Thomas-d’Aquin–Veritas, 2009/2010
Voir également « Un prêtre indépendant au XIXe siècle, l’abbé Lacuria ».
Beaucoup citée, rarement lue, l’œuvre de l’abbé Lacuria méritait d’être présentée aux professeurs et élèves du collège qu’il cofonda et dirigea dans le deuxième quart du XIXe siècle. Au-delà, les linéaments de sa pensée, elle-même pour le moins originale, méritaient d’être résumés.
Résumé biographique
La vie et le portrait de l’abbé Paul François Gaspard Lacuria (Lyon, 6 janvier 1806 – Oullins, 3 mars 1890) ayant déjà été présentés1, on en rappellera rapidement quelques traits avant de consacrer cet article à son œuvre – publiée et inédite – et, surtout, à sa pensée.
Associé à la fondation du « Collège d’Oullins », dès son ouverture le 4 novembre 1833 dans la Maison Flageolet du quartier de Pierre-Bénite à Oullins, et enterré en mars 1890 dans le caveau central de la chapelle du « château d’Oullins », l’abbé Lacuria, Lyonnais authentique, aura néanmoins passé la moitié de sa vie à Paris (1847-1886), jusqu’au bout aidé financièrement par ses anciens élèves d’Oullins, à méditer et à écrire des textes assez peu publiés. Son départ du collège, après quinze ans d’enseignement original et d’éducation paternelle ou amicale, est provoqué par la publication du « livre de sa vie » : Les Harmonies de l’être, exprimées par les nombres ou les lois de l’ontologie, de la psychologie, de l’éthique, de l’esthétique et de la physique, expliquées les unes par les autres et ramenées à un seul principe (Paris : Comptoir des Imprimeurs-Unis, 1847) – vaste programme, on le voit, sur lequel il continuera de travailler jusqu’à quelques semaines de sa mort et qui donnera lieu à une nouvelle édition posthume (Paris : Bibliothèque Chacornac, 1899).
Après le siècle des Lumières (qu’il aurait pu qualifier de petites et individuelles), les destructions révolutionnaires et les tumultes sociopolitiques (républiques, empires, restaurations, révoltes des canuts, révolution de 1830), l’abbé Lacuria est convaincu de l’importance de sa synthèse entre science et foi pour les « âmes » du XIXe siècle. Il va abandonner, à regret, sa vocation d’éducateur, car on lui donne à choisir entre la publication de son livre au profit de tous et son confort au collège d’Oullins. C’est que des reproches lui sont fait quant à la parfaite orthodoxie de sa pensée. Ces reproches, dans l’air du temps où s’affrontent reconstruction religieuse et déconstructions philosophiques, sont le panthéisme (tout est Dieu), l’ontologisme (il y a de Dieu en l’homme) et, à l’inverse, le rationalisme (l’empire de la raison « établi » par Kant). Aucune de ces critiques ne tiendra et l’autorité ecclésiale ne se prononcera pas, alors qu’à cette époque l’Église n’hésitait pas à mettre à l’index de nombreux ouvrages. Mais le mal est fait : le soupçon aura été plus efficace qu’une condamnation qui, comme Lacuria l’écrit par avance en maints endroits, lui aurait permis de se rétracter au besoin. Dès lors, il va partir à Paris pour quelque quarante années, sans exéat2 et dans le dénuement. Un chanoine de Paris, Paul Pisani (1852-1933), en 1900, se souviendra très bien de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, à côté du Panthéon, et de Lacuria y disant la messe de midi et demi, tous les dimanches, pendant trente ans :
À la même époque [1859] apparaît l’abbé Lacuria qui commence à venir dire la messe de midi et demi et qui continuera à le faire pendant près de trente ans. Nous l’avons vu tous, ponctuel et modeste, parlant peu et, à cause de cela peut-être, ayant la réputation d’un grand savant; tout était mystérieux en lui, jusqu’à ce petit livre usé et même crasseux qu’il tirait de sa poche et remettait au servant de messe, car il fallait lui répondre selon le rite lyonnais, qu’il avait continué à suivre même après l’adoption du rite romain. Pendant la guerre, il avait laissé pousser sa barbe qui était d’une blancheur immaculée ; mais il la coupa en 1872, il ne lui restait que de longs cheveux d’un gris verdâtre, encadrant une physionomie avenante et douce.
L’abbé Lacuria est un des derniers prêtres qui aient gardé l’usage de se coiffer du chapeau haut de forme ; encore l’avait-il quitté dans les dernières années. Il est mort en 1887 [sic pour 1890], âgé de plus de quatre-vingts ans.
Pisani Paul, Patronage Sainte-Mélanie : souvenirs de famille, 1850-1900 (Paris : J. Mersch, 1900), p. 18.
Résumé de son œuvre
Au premier abord, et à considérer les seuls textes publiés, l’œuvre de Lacuria semble se résumer à l’ouvrage de sa vie, Les Harmonies de l’être, écrit puis réécrit de la fin des années 30 jusqu’à sa mort en mars 1890. Néanmoins, ce serait amputer son auteur de ses autres préoccupations spécifiques, en particulier la musique, l’éducation des enfants et l’astrologie.
– En ce qui concerne la musique, on doit répertorier deux articles copieux sur l’expression musicale de Beethoven, « La Vie de Beethoven écrite par lui-même dans ses œuvres » et « Les Dernières confidences du génie de Beethoven ». Ces derniers auront une influence dans le monde de la critique musicale, tant à son époque, Raymond Bouyer (1862-1935?) qu’aujourd’hui, des extraits en ayant été reproduits récemment dans la revue Beethoven3.
– Un ésotériste moderne, Robert Amadou (1924-2006), également prêtre de l’Église syrienne d’Antioche, parapsychologue et astrologue, a cru bon de publier quelques inédits choisis de Lacuria4, mélangeant à dessein, astrologie, dessins de talismans et écrits mystiques de Lacuria, tendant à le faire passer pour théosophe ou hermétiste, ce que nos études désormais récusent.
– Quant aux deux livres relevant de l’éducation des enfants, l’un a pour objet la séparation de l’Église et de l’État en matière d’enseignement et paraît, en 1847 ; l’autre est un recueil de deux contes écrits vers 1848, lorsqu’il s’occupe du petit Félix Thiollier (1842-1914) alors âgé de 6 ans, mais publiés, en 1910 seulement, par Thiollier lui-même sous l’insistance de Paul Borel (1828-1913, décorateur de la chapelle d’Oullins, ancien élève et ami intime de Lacuria) et avec l’aide littéraire et financière de l’académicien de Lyon, Joseph Serre (1860-1937)5.
Surtout, on ne saurait occulter cent-trente-sept manuscrits pour quelque 2.600 pages, en grande partie des textes d’apologie chrétienne : un « Deus charitas est » (« Dieu est amour ») constitué de sept prêches ayant pour thème la bonté de Dieu, textes qui auraient obtenu l’imprimatur sous réserve de quelques ajustements ; des éléments de théologie mariale (« Angélus, Marie Reine des Anges et des poëtes » ; « Les 15 perles de la couronne du rosaire ») et une méditations de l’Apocalypse (« Clé historique de l’Apocalypse »). En outre, on relève des essais de science politique et sociale : « L’Allemagne et l’athéisme au XIXe siècle », « Essais sur le problème social », « Du Stoïcisme et du christianisme », « La Voie unique du bonheur pour la société et pour l’homme, ou la loi divine de l’amour », sans oublier un apologue : « La Morale des outils », qui mériterait, encore aujourd’hui, d’être publié.
On le voit, avec les sujets traités dans Les Harmonies de l’être :ontologie, psychologie, éthique, esthétique et physique, et dans d’autres textes : musicologie, théologie et sciences sociales, Lacuria entend traiter de tout le champ de la connaissance humaine, fût-elle Révélation de Dieu ou effort de la raison humaine. Une telle philosophie s’appelle en propre une métaphysique (étude de l’Absolu et de ses rapports avec le Relatif) ; d’ailleurs, ce que Lacuria dénomme philosophie s’achève dans la mystique : l’aboutissement d’une spéculation guidée par la Révélation est, nécessairement, la contemplation. En cela, il est dans la tradition des plus grands métaphysiciens mystiques : S. Denys l’Aréopagite (v. 500), Maître Eckart (v. 1260-v. 1328), fussent-ils moins suivis comme S. Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 220) ou longtemps incompris comme Jean Scot Érigène (v. 800-v. 876).
Lacuria, qui souhaite rendre compte de toute la réalité, du plus naturel au plus surnaturel, se tient très au fait des développements scientifiques de son temps6 qu’il s’agisse d’électricité, de mécanique, de physique-chimie, d’optique, d’astronomie, de physionomie, de physiologie, de médecine…, toutes disciplines qui ne manquent pas de savants contemporains que Lacuria cite7 (Ampère, Arago, Beckensteiner, Boué, Boussingault, Carnot, Cauchy, Chaubard, Cuvier, Dumas8, Fresnel, Fourier, Gay-Lussac, Geoffroy-Saint-Hilaire, Herschel, Lamarck, Laplace, Legendre, Poisson, Schoenbein9, Sepp…). Pour autant, Lacuria n’épouse pas le positivisme ambiant : pour lui, seul l’être est le positif, la science, qui est distinction, mesure et donc limite, est le négatif. Si la notion de progrès, typiquement dix-neuvièmiste, ne lui est pas étrangère10 – elle n’est toutefois jamais celle du progrès technique en tant que tel11, l’homme étant, selon ses thèses, incapable de progrès sans Dieu. Aussi peut-il mettre en question, pertinemment, la logique :
Veux-je dire qu’il faut anéantir la logique ? À Dieu ne plaise ! Gardons-nous bien de briser ce précieux instrument, perfectionnons-le plutôt de toutes nos forces ; mais ce que je demande instamment c’est qu’on ne lui donne pas une valeur qu’il n’a pas ; c’est qu’on ne le croie pas infaillible, ni dans les autres, ni dans soi.[…] Dès qu’il y a dans nos principes la moindre lacune, cette logique qui nous a été donnée pour construire et affirmer, peut devenir un instrument terrible de destruction.
Lacuria, Harmonies (1847), t. I, pp. 7, 172.
ou ce que la science appelle les faits :
La science matérialiste dit qu’il n’y a de vérité que dans les faits. C’est une erreur. Les faits ne sont pas plus la vérité qu’un bloc de marbre ou sa poussière n’est la Vénus de Milo. […] La vérité est l’harmonie des faits. Sans cette harmonie, les faits ne sont qu’un corps sans âme, une poussière informe. Or c’est l’enchaînement des causes et des effets qui unit et coordonne les faits et leur fait exprimer la vérité, c’est pourquoi Virgile dit heureux ceux qui connaissent les causes. Celui-là peut voir et contempler la vérité, tandis que la science exclusive des faits ne fait que brasser la poussière de la vérité. La recherche et l’étude des causes fait remonter logiquement à une première cause qui existe par elle-même, qui est la cause des causes, dont la pensée est la vérité même, source de toutes les vérités.12
Selon cette même perspective unificatrice, Lacuria se devait d’être également ouvert au surnaturel, qu’il ne confondra jamais avec les sciences occultes. En effet, à une époque où ésotérisme et occultisme s’épanouissent (les deux mots sont créés au milieu du XIXe siècle), Lacuria reste pur métaphysicien et mystique véritable. La métaphysique de Lacuria est très classique et apparaît bien plus solide que, par exemple, celle d’un Schopenhauer (1788-1860), en particulier lorsqu’il réduit la métaphysique de l’amour aux nécessités de la reproduction de l’espèce !13
En matière d’économie et de société, Lacuria ne tombe pas dans les pièges ni du progrès économique ni des socialismes utopiques. Pour Lacuria, l’égalité reste une « chimère impossible et inutile »14 ; la solution au paupérisme ne réside que dans le seul développement de la charité, pauvres et riches subsisteront. Lacuria, après Aristote (v.-384-322)15 et avant Marx (1818-1883), distingue bien entre l’économique (la circulation de l’argent) et la chrématistique (son accumulation privative) ; ainsi écrit-il : lorsque « les travaux sont coordonnés vers un but commun, la richesse n’est point la ruine d’un autre ; elle ne peut augmenter sans augmenter aussi la richesse commune »16.
En théologie, Lacuria est pris entre un début de siècle encore marqué par S. Augustin et un certain platonisme, et le retour à un aristotélisme certain, lié à une interprétation exagérée de l’Aquinate par des néothomistes suite à la remise au premier plan justifiée de S. Thomas d’Aquin par le Saint-Siège (Æterni Patris, 1879)17. Il sera ainsi au cœur des problématiques de l’ontologisme et de l’opposition naturel-surnaturel.
Résumé de sa pensée
S’il est une pensée articulée dans toute l’œuvre de Lacuria – la « pensée de ma vie », écrit-il18 –, c’est bien celle qu’on peut résumer ainsi : Le but de l’homme est le Bonheur (ou l’Amour), celui-ci est dans l’Unité de la Vérité, qui est Harmonie ou Forme de toute Beauté.
Le but de l’homme est le Bonheur. Que le bonheur soit le but essentiel de l’homme, Lacuria prend cette idée chez Pascal (Pensées 134, 148)19 tant de fois cité, mais également chez S. Augustin20, et il l’expose régulièrement.
Le Bonheur est dans l’Amour. But essentiel (parce que libéralité de Dieu, source unique de tout bien envers l’homme), le bonheur ne s’accomplit que dans l’amour : de Dieu et du prochain qui Le reflète. La morale devient ainsi la « méthode du bonheur » si elle est associée à la foi, et ce sont « les dix commandements qui nous guident vers le bonheur d’aimer Dieu et le prochain, pour le bonheur du monde présent et à venir », jusqu’à nous rendre « participants de la nature divine », de Dieu (qui) est Amour (1 Jn IV, 16).
La Vérité est dans l’Unité. Pour être heureux, au sens où l’entend Lacuria, il s’agit d’embrasser la vérité qui, seule, peut y conduire, ainsi que le formule S. Augustin21 ou comme il entend l’enseigner aux enfants (« L’Île de la Vérité »22). La philosophie ne saurait parvenir à une telle vérité sans la foi, parce que l’homme ne peut « surpasser les splendeurs de la vérité, Dieu étant plus grand que le cœur de l’homme »23. La vérité intégrale associe nécessairement l’unité infinie et la variété infinie24 ; faire l’unité des opposés, voire des simples divergences, est la seule façon d’approcher de la vérité. Il convient donc de ne nier ni l’infini (athéisme, matérialisme), ni le fini (panthéisme), ni de les maintenir chacun comme principe (dualisme), car la « vérité unique [est] dans l’harmonie, vrai rapport des deux termes »25.
L’Unité est dans l’Harmonie. L’harmonie lacurienne est, métaphysiquement, « harmonie de l’idée positive et de l’idée négative »26 ; il n’y a alors plus ni science ni foi, « car là où l’on voit on ne croit plus […], il y a conscience, unité, lumière, certitude ». Si cette harmonie est possible, c’est parce que l’homme est « capable » de Dieu. La Personne de la Trinité, qui résout le problème de l’unité et de la distinction, ad intra et dans le monde, c’est le Saint-Esprit :
Tel est le problème que résout le Saint-Esprit. […] il est le lien qui les rattache l’un à l’autre [le Père et le Fils], l’amour qui les unit, l’harmonie qui les accorde, l’ordre qui les pacifie, la lumière qui fait resplendir leur beauté. C’est pourquoi son reflet dans la création est, avant tout, la lumière qui manifeste le beau, l’harmonie qui unit, l’ordre qui fait la Société, la pesanteur, effet de l’attraction, qui tient lieu d’amour à la matière.
Lacuria, Harmonies (1899), t. I, chap. I. De la Trinité, 17.
C’est le cas dans l’art, où l’« une des conditions du beau, c’est la variété », mais pour autant « qu’elle est ramenée à l’unité par l’harmonie »27 :
La musique pour sa part a résolu ce problème par l’harmonie, car l’accord parfait, composé de trois notes, est indivisiblement tout entier dans chacune des notes qui le composent, puisqu’une seule note disparaissant, l’accord disparait. Qui trouvera pour la société cet admirable secret de l’harmonie ? La loi divine seule possède ce secret, et ce secret c’est l’amour.
Lacuria, « La Voie unique », p. 17.
L’Harmonie ouvre au bonheur.Finalement, Harmonie, Amour, Unité, Vérité et Beauté constituent, en quelque sorte, les transcendantaux28 de Lacuria. Auxquels il convient d’ajouter le Bonheur qu’ils impliquent, pour peu que la foi soit au rendez-vous :
La foi nous donnera l’espérance, l’espérance donnera la vie à l’amour et l’amour nous conduira jusqu’au bonheur.29
Or, Dieu, voulant nous faire participer non seulement à la vue qu’Il a de Lui-même mais au bonheur qu’Il a de Se voir, a su nous donner l’amour ou la volonté ; autrement, nous eussions été incapables d’être heureux en Le voyant.30
On le voit, même si seul « le ciel sera la société parfaite »31, d’ici-là, l’amour de Dieu permet d’atteindre en pensée la divine harmonie de la Trinité. Ainsi l’écrit Lacuria : « Ô Trinité ! Ô beauté ravissante !… heureuse la créature qui s’élève jusqu’à votre divine harmonie par la pensée et par l’amour; elle atteint aussi haut qu’il soit possible dans la joie sans briser ses liens »32. Cette Harmonie participée fait déjà le bonheur de l’homme, a minima, celui de Lacuria et de ses élèves.
Notes
- Bérard, « L’Abbé Lacuria, co-fondateur et directeur méconnu du collège d’Oullins », La Gazette Thomiste n° 52, Oullins : Centre scolaire Saint-Thomas-d’Aquin – Veritas, mai 2009.[↩]
- Du latin : « Qu’il sorte ! » (on prononce le « t »). C’est, en termes de Droit canon, la permission écrite qu’un évêque donne à un ecclésiastique pour aller exercer dans un autre diocèse les fonctions de son ministère. Lacuria aura toute sa vie été rattaché au diocèse de Lyon.[↩]
- Bérard, « Lacuria et Beethoven : un philosophe du XIXe siècle admirateur de Beethoven », Revue de l’ABF n° 14 (2012) et n° 15 (2013).[↩]
- Spécialement dans les numéros de la revue Atlantis 314, 315 et 317 de 1981, et dans un livre : Lacuria, sage de Dieu (Paris : AWAC, 1981).[↩]
- Contes [La Clé de diamant, L’Île de la vérité], préface de Joseph Serre (1910).[↩]
- « Il s’initiera aux secrets les plus profonds de la chimie et de la géométrie, aux grandes lois scientifiques, cherchant toujours, à travers les plans divers de ses études, le rapport et la convergence, l’harmonie et l’unité de tous les rayons » ; Serre, Trois études avec portrait (Paris : Henri Falque, et Lyon : Paul Phily, 1910), « Un penseur lyonnais », p. 5.[↩]
- Spécialement dans Les Harmonies de 1847, la version ultime de 1899 devenant plus théologique et surtout marquée par S. Thomas d’Aquin.[↩]
- Jean-Baptiste Dumas (1800-1884) contributeur aux premiers développements de la chimie organique. Lacuria cite, de Dumas, sa Leçon du 20 août 1841.[↩]
- Christian Friedrich Schönbein (1799-1868), physicien, chimiste et minéralogiste, est l’inventeur de la nitrocellulose (et du mot « biochimie »). Lacuria cite sa décomposition de l’azote en hydrogène et ozone.[↩]
- « Un de ces mots qui a servi de drapeau à l’utopie », écrit-il à l’encontre des « prôneurs du progrès ».[↩]
- Pour discuter de ce qui fait le bonheur ou le malheur de la société, il convient d’exclure « tout ce qui est purement scientifique et mécanique » (imprimerie, télescope, chemin de fer, électricité) et qui n’est qu’« instrument entre les mains de la société, et tout dépend de l’emploi qu’elle en fait », au profit « des choses morales qui échappent à l’analyse des chymistes et aux calculs des géomètres ».[↩]
- Lacuria, Harmonies (1899), t. I, pp. 1-2. Si chaque science cherche certes à coordonner les faits qu’elle étudie, c’est, par nature constitutive, exclusivement des autres faits : spécialisation des sciences oblige – dont Lacuria réclame par ailleurs l’unification. De plus, il manque à chaque science, par nature constitutive également (ce n’est pas dans son objet), de remonter à la cause des causes : le « moteur immobile » du fondateur de la science n’est plus recherché ; pour Lacuria, manque la nécessaire Création du monde.[↩]
- Cf. « Métaphysique de l’amour », Ch. XLIV du Supplément au Livre IV de Le Monde comme volonté et comme représentation.[↩]
- Lacuria, « La Voie unique », p. 19 [B.M.L. Ms 5.943 C]. B.M.L. est l’acronyme de la Bibliothèque municipale de Lyon, où sont préservés une bonne partie des manuscrits de Lacuria.[↩]
- Par exemple Politique, 1256b-1258a avec cette conclusion : « Il y a donc une espèce d’industrie hors nature. Nous l’avons définie, et nous avons indiqué sous quel rapport elle était utile. Il y a aussi une espèce d’industrie différente de la précédente : c’est l’industrie naturelle qui pourvoit aux besoins de la famille, et fait partie de l’économie ; celle-ci a sa fin déterminée, l’autre, au contraire, n’a ni but fixe ni mesure ».[↩]
- Lacuria, « Problème social », 8 [B.M.L. Ms 5.844 C] ; Lacuria pourrait même, pensons-nous et contrairement à Aristote (l’organisation des sociétés ne sont plus les mêmes), inclure les improductifs comme les marchands et les banquiers, pour peu qu’ils œuvrent au bien commun, en harmonies avec les autres forces, fussent-elles antagonistes.[↩]
- « Entre tous les docteurs scolastiques brille, d’un éclat sans pareil leur prince et maître à tous, Thomas d’Aquin », écrit Léon XIII dans cette encyclique.[↩]
- Lacuria, Harmonies (1899), Préface, p. 7.[↩]
- Pensées, 134 : « l’homme veut être heureux et ne veut être qu’heureux, et ne peut ne vouloir pas l’être » ; Pensées, 148 : « Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but… La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions des hommes » ; cf. Lafuma (Œuvres, Paris : Seuil, 1963).[↩]
- « Tous les hommes désirent être heureux, […] ; sur ce point, l’accord est si universel, qu’on ne se trompe jamais en jugeant de l’âme des autres d’après la sienne ; en deux mots, nous savons que c’est là le vœu de tous » (De Trinitate, L. XIII, ch. XX, 25).[↩]
- « Quel plus grand bonheur que de jouir de l’inébranlable, inaltérable et très-excellente vérité ? » ; Augustin, De Libero, L.II, ch. 13.[↩]
- Il s’agit de vaincre l’erreur et l’illusion (associés à la laideur), au nom de la vérité (associée à la beauté).[↩]
- Lacuria, « La Clé de diamant », Contes, p. 108.[↩]
- Lacuria, Harmonies (1847), Discours préliminaire, p. 12 ; Lacuria, « La Voie unique », pp. 2-3.[↩]
- Lacuria, « Stoïcisme », 4 [B.M.L. Ms 5.808].[↩]
- Lacuria, Harmonies (1847), t. I, chap. X. De la certitude, 195.[↩]
- Lacuria, « La Voie unique », p. 17.[↩]
- Les transcendantaux, depuis Platon et Aristote, sont les attributs de l’être, lesquels, dépassant toutes les catégories, se convertissent l’un dans l’autre.[↩]
- Lacuria, « La Voie unique », p. 35.[↩]
- Lacuria, Deus, 1er « prêche » [La Liberté], p. 10 [B.M.L., Ms 5.793].[↩]
- Lacuria, « Problème social », p. 11.[↩]
- Lacuria, Harmonies (1847), chap. IV. Du Beau, p. 99.[↩]